Notre « vraie » entrée en Asie se fait par la frontière entre Singapour et la Malaisie, en direction de Malacca précisément (située sur la côte ouest). C'est dans cette ville que l'histoire du pays a commencé en 1401. Réalisant son potentiel, avec son port naturel en eau profonde, un prince Hindou du sud de Sumatra la créa au moment même où les chinois cherchaient des routes commerciales alternatives. Avec leur protection, la ville se développa très vite, à mi-chemin entre la Chine et L’Inde. L'adoption de la religion musulmane dans ce pays est d'ailleurs attribuée aux nombreux contacts avec les commerçants de cette confession. La ville fut ensuite prise par les portugais, puis par les hollandais, et enfin les anglais. Le pays n'est d'ailleurs indépendant que depuis 1957.
Malacca est aujourd'hui une ville tranquille, pleine de charme. Elle est classée au patrimoine de l'humanité par l'Unesco depuis 2008. Il n'y a pas des tonnes de choses à y faire, mais on se ballade avec plaisir dans les rues, depuis Chinatown, jusqu'aux vestiges des différentes architectures qui ont marqués l'histoire. Le 1er jour (26 fev.), nos pas nous mènent d'abord à Stadthuys, l'imposante mairie hollandaise rose-saumon. 
C'est aussi (et surtout) le point de départ des trishaws outrageusement kitchs, décorés avec des fleurs en plastique, des guirlandes de Noël, des poupées, et équipés de haut-parleurs qui mitraillent des tubes des années 80. Nous nous contentons d'abord de regarder, amusés par les touristes de Singapour qui prennent les trishaws en masse, et transforment les rues en parade de cirque ! Nous succomberons à notre tour le lendemain. Ils sont pas beaux là, hein tintin ? 
Nous commençons ensuite la longue rue où se situe tous les bâtiments, mais un orage tropical menace, puis se déclare violemment : impressionnant ! On reviendra demain... 
Bien reposés et au sec, nous repartons à l'assaut du centre historique : Porta de Santiago, les restes de la forteresse construite par les portugais, l'église Saint Paul en haut de la colline, le palais de sultan de Malacca (précisément sa réplique en bois), puis le bâtiment du musée maritime, une copie grandeur nature d'un navire portugais échoué sur la côte. 
Une fois ce petit tour achevé, reste Chinatown, le cœur de la ville, à découvrir. L'endroit est très agréable, il y a pas mal de boutiques de brocanteurs et d'artistes si on s'éloigne de la rue principale... et surtout on y mange comme des rois ! La cuisine de Malacca est très réputée, elle démontre la diversité des origines de ses habitants. On a particulièrement apprécié le crabe aux épices... 
... et le « satay celup », une drôle expérience culinaire. Une sorte de plat à fondue rempli d'une sauce aux cacahuètes, piments séchés, oignons et autres ingrédients inconnus est posée au milieu d'une table en inox. On y trempe les brochettes qu'on a préalablement choisies un peu au hasard parmi plus de 60 possibilités. Assez original ! Nous ne pensons plus qu'à nous laver les mains quand, pour la note, la serveuse prend les bâtons de brochettes dégoulinantes à pleine main pour les compter. Waouh, là c'est sûr, on est bel et bien dans un autre monde. 
Mardi 28, direction Kuala Lumpur (surnommé KL), que nous pourrions surnommer la ville des contrastes : d'un côté des immeubles flambants neufs, tous plus hauts les uns que les autres, abritant pour certains d'énormes centres commerciaux et une autoroute à 6 voies de 7,9km qui traverse la cité. 
De l'autre, des bâtiments à l'état de semi-abandon, beaucoup de petits stands commerçants dans la rue et une végétation abondante à certains endroits. 
Nous passons notre première journée à déambuler dans chinatown et KLCC, le centre financier, et à acheter nos billets pour le lendemain, car nous n'avons pas résisté à l'envie de monter dans les tours jumelles Petronas, l'icône de la nation depuis leur ouverture en 1999. 
Mercredi 29, nous attaquons par le musée des arts arabes. Sa collection est très riche, depuis des superbes manuscrits, jusqu'aux céramiques, bijoux et textiles. La visite vaut aussi pour le bâtiment lui-même. Très lumineux, il combine une architecture contemporaine avec des éléments issus des traditions iraniennes et d'Asie centrale, dont notamment de superbes dômes. Juste à côté, se situe la mosquée nationale, Masjid negara, elle aussi au design très contemporain, inspiré de la mosquée de La Mecque. 
Après cet intermède culturel, direction les tours. Une visite à KL est incomplète sans y aller ! Le bâtiment de 88 étages culmine à 452 m. La société malaisienne Petronas de gaz et de pétrole y tient ses quartiers généraux, et les tours abritent aussi des centres commerciaux ultra-modernes. Le plan du sol, basé sur une étoile à 8 branches, rappelle les arabesques arabes, et le mat fait penser au minaret d'une mosquée, avec l'étoile de l'islam. Nous montons tout d'abord au « skybridge », le pont qui connecte les 2 tours, 170m au dessus du sol. 
La vue est impressionnante ! Au loin, on voit essentiellement…du vert, comme si la nature omniprésente cherchait à reprendre sa place originelle grignotée par l'homme. On monte ensuite au 86ème étage dans un ascenseur qui file à 7m/sec. On est tellement haut que les baies vitrées n'y sont plus verticales. La vue embrasse toute la ville et plus encore ; avec les nuages menaçants, on a un peu la sensation de voir un film de SF. 
Avant de quitter KL, place à l'intendance. Nathan grandit et il lui faut de nouvelles chaussures de marche ; Sylvain et moi passons chez le coiffeur...avec quelques angoisses pour ma part, car j'ai échappé de peu à une nouvelle coupe à la chinoise. 
Après ces expériences urbaines très différentes et riches, nous avons tous besoin d'une bonne nuit de sommeil avant de reprendre la route cette fois-ci en direction de la plus vieille jungle du monde, à quelques heures de bus de là. 
