En cette veille de nouvel an (vendredi 13 avr.), c'est l'effervescence à Luang Prabang. D'abord réveillés une première fois par les moines qui tambourinent une musique traditionnelle à 5h00 du matin, nous nous rendormons puis nous levons comme d'habitude de bonne heure (si, si..). Le temps d'un petit déjeuner exquis avec des baguettes fraîches et de la confiture maison, il est déjà 9h00 quand les événements nous rattrapent....
Le groupe de jeunes qui s'occupe de l'hôtel en l'absence du propriétaire a envahi les lieux. Grosse sono à fond, tous les copains en scoot qui rappliquent, et c'est parti pour une journée de folie. Du coup, à peine le café terminé, c'est une bière bien fraîche qui atterrit sur notre table. Aussi matinale, on n'avait jamais fait...mais, par souci d'intégration n'est-ce pas, on se range aux habitudes locales. Vers 11h00, après avoir vidé quelques bières et environ 25 000 seaux d'eau sur les gens qui passent, pour la plupart déjà trempés des pieds à la tête, on lève le camp pour faire quand même quelque chose de la journée. C'est notre parenthèse culturelle : direction le temple de Wat Xieng Thong, à peine à 5' à pied. Nous y libérons d'abord des oiseaux en cage comme le veut la tradition, en faisant un vœu en famille.
Puis nous déambulons dans cet endroit hors du temps, qui dégage une grande douceur. Il est bien conservé, grâce au fait qu'il est placé sous la protection du roi. Nous y restons longtemps, tout simplement heureux de pouvoir profiter d'un endroit pareil !De retour à l'hôtel, l'excitation a encore grimpé d'un cran. Il n'y a plus de barrière entre les laotiens et nous; ils sont ravis de voir que nous participons activement à leur fête, et du coup, nous ouvrent des portes. Nous les accompagnons de l'autre côté du Mékong, là où se tient la fête pour les locaux. Et ici, le nouvel an, c'est vraiment quelque chose.... Le site a été monté de toutes pièces en 2 jours à peine. Les fêtes de Bayonne, pou ceux qui connaissent, nous semblent du pipi de chat en comparaison (et pourtant...). En plus de l'eau, sur cette rive, on s'asperge à volonté de farine de tapioca. Inutile d'essayer d'y échapper, c'est peine perdue, mieux vaut se fondre dans le moule, et donner pour recevoir !! Malgré le bruit, la foule et l'animation incroyable qui règne, l'ambiance est bon enfant, et toujours respectueuse de l'autre. Au bord du Mékong, de nombreux laotiens construisent des stupas en sable, et font leurs offrandes puis leurs prières en hommage à Bouddha, avant de se baigner dans la rivière, puis de retourner à leurs excès.Contrairement à leurs habitudes, ils sont plus ouverts et plus directs, ce qui nous vaut de discuter avec plein de gens, car nous devons être les seuls occidentaux avec des enfants à avoir osé nous joindre à eux !Nous rentrons en fin d'après-midi à l'hôtel, tous entièrement blancs, et sans un cm² de vêtements secs. Nous n'avons qu'une seule envie : la douche. Eh oui, sauf que la fête a été telle … qu'il n'y a plus d'eau dans le réseau de l'hôtel. Nos seules douches auront donc lieu dans la rue, mais sans shampoing ! Vers 23h00, la situation s'améliore enfin et je peux me laver. Mais tous les autres dorment profondément, et ils ne changeront de peau que le lendemain matin ! Les laotiens, eux, n'ont pas du se poser cette question, et sont allés se coucher de bonne heure. La fête se termine en effet pour tous avec la tombée de la nuit, vers 19h00. Là aussi, les repères sont bien différents. Mais il faut dire qu'elle a commencé de très très bonne heure, et qu'il faut garder des forces pour le lendemain.
La journée même du nouvel an bouddhique est un plus calme. Même si les jets d'eau et les sound systems reprennent de plus belle, le moment le plus important de la journée est le défilé traditionnel. Personne ne sait vraiment à quelle heure il a lieu, et toute la ville semble passer la matinée à l'attendre en s'aspergeant. Vers 13h30, il commence enfin : habitants en habit traditionnel, ethnies, groupes déguisés en singes ou monstres, miss luang prabang élue la veille, moines sur des chars décorés ou à pied (trempés eux-aussi, car c'est le seul jour de la fête où on est autorisé à les arroser)... Le tout forme un joyeux mélange coloré, un peu désordonné mais sympathique.
Pour nous, il est alors l'heure de se rendre à l'aéroport, d'où nous rejoindrons Hanoi, au Vietnam. Le trajet en tuk tuk est bien difficile, entre embouteillages monstres et réception continue d'eau sur les bagages, que nous essayons de protéger de notre mieux.
De nouveau trempés, nous parvenons finalement dans les temps pour nous enregistrer. Le soleil se charge de nous sécher avant l'embarquement. Nous venons de vivre deux jours décidément très particuliers !!