Notre arrivée à l’île de Pâques nous rappelle que nous avons clairement changé de continent. Ici, nous sommes accueilli avec des colliers de fleurs ! On se sent instantanément bien plus en Polynésie qu'au Chili, dont l'île dépend pourtant et qui se trouve à 3700 km à l'est. Nous prenons la direction du camping, où nous attend un nouveau mode de logement : la tente familiale. Nathan et Emma sont un peu déçus, ils avaient confondu camping et camping-car, et ne s'attendaient pas à ça !! 
Nous prenons nos marques …sous les averses. Nous commençons par la visite d'Hanga Roa, capitale et seule ville de Rapa Nui, le nom polynésien de l'île. Train de vie tranquille et ambiance détendue sont les maîtres mots. Outre le pick-up assez répandu, les moyens de transport sont surtout le scooter et le cheval. Nous faisons notre première rencontre avec un moai (statue de l’Île de Pâques) à Ahu Tautira, qui donne sur la caleta Hanga Roa, le petit port de pêche. Sensation garantie, ça promet pour le reste du séjour !
Nous abandonnons l'idée d'un restaurant pour le réveillon de Noël du lendemain, car ce n'est pas vraiment la tradition ici ; un bon barbecue partagé avec les autres campeurs sera parfait. Le lendemain (24 déc.), nous nous réveillons un peu inquiets sous une pluie soutenue. Nous prenons la direction du musée anthropologique, pour ne plus confondre ahu, moai et pukau. Sur le chemin, le soleil se lève et il fait vite très très chaud. Changement de programme donc, nous partons vers la côte ouest de l'île. Un passage devant l'émouvant cimetière donnant sur l'océan, et nous arrivons sur l'Ahu Tahai, un site sur lequel s'élève trois ahu restaurés (plate-formes servant de piédestal aux moai). D'abord un imposant moai solitaire sans coiffe, puis un autre avec des yeux et une coiffe (le pukau). Et enfin, l'Ahu Vai Uri, avec 5 moai alignés, tous différents. Nous passons un bon bout de temps à les contempler, subjugués par ce mystérieux spectacle. Ce confetti de terre est vraiment sorti d'une autre planète !! 
Nous continuons vers le nord. La cote déchiquetée et ses falaises font preuve d'une beauté brute assez prenante, et le bleu soutenu de l'océan pacifique rajoute encore à la beauté de l'ensemble. 
Fatigués par tant de soleil, je fais demi-tour avec les enfants ; Sylvain pousse jusqu 'à l'Ahu Akivi, arborant 7 moais, le seul à l'intérieur des terres et face à la mer. Il visite aussi le petit cratère volcanique de Puna Pau, où étaient façonnées les coiffes, dans une roche rouge et très friable ; Il nous rejoint au camping... rouge comme une tomate. 
L'heure est alors venue de fêter Noël comme il se doit. Après un super barbecue allumé de manière ancestrale (en fabriquant un puits d'air avec une bouteille, et sans petit bois, on vous fera une démo), nous prenons la direction de la messe de Noël. L'iglesia Hanga Roa vaut le coup d’œil pour ses belles sculptures, tout en bois. La messe est enlevée, l'église est pleine, et les fidèles chantent à tue-tête. C'est l'occasion pour nous de penser à Hervé, qui nous avait prodigué pleins de bons conseils pour la visite de l'île, et avec qui nous ne pourrons malheureusement pas partager nos souvenirs.
De retour au camping, surprise, le père Noël en personne est là !! En tongues, avec une barbe en feuille de bananier, il parle français. Quelle chance... Les enfants sont ravis et aussi très gâtés. Ils essayent tout de suite leurs pistolets à eau, ce qui provoque une bagarre générale au camping, tout le monde s'y mettant. Extra ! 
Le lendemain, en compagnie de Christophe le père Noël (encore merci) et de Sophie, nous partons en direction de la côte sud, parsemée de sites archéologiques. Toutes les statues sont renversées, et on retrouve parfois les chapeaux un peu plus loin, ce qui témoigne de la violence des conflits ayant opposé les insulaires.
On arrive ensuite à Rano Raraku, un volcan éteint qui a servi de carrière pour les moais. Le site donne le frisson. Ca restera certainement comme le plus grand moment de cette étape. On se promène au milieu de dizaines de statues à divers stades de fabrication ; certains sont même encore carrément sertis dans la roche, allongés dans la montagne. On a l'impression qu'ils dorment et qu'ils vont se réveiller !! 
Un autre sentier, qui conduit au sommet du cratère, nous réserve son lot d'émotions : à l'intérieur, un petit lac s'est formé, la terre est de couleur ocre et plein de chevaux sauvages se baladent. Une sorte de monde imaginaire s'offre à nous, comme si on venait de franchir une frontière. En plus, la vue panoramique y est exceptionnelle, et tout autour on aperçoit des moais en cours de fabrication. Énorme ! 
Mais ce n'est pas fini !! En contrebas se dresse l'équipe de rugby locale, plus couramment appelée Ahu Tongariki. Cet imposant Ahu a été remis en place entre 1992 et 95, il avait été victime d'un tsunami en 1960. Il compte 15 moai, dont un seul porte un chapeau. Pas facile de décrire ce qu'on ressent devant ce lieu unique... 
Pour nous remettre, il est temps de plonger à Anakena. Eaux turquoises, sable doux et cocotiers, la plage est surplombée par une colline avec l'Ahu Nau Nau et ses 7 moais. Une petite idée du bonheur ! 
Pour finir en beauté, nous nous rendons sur le site d'Ana Kakenga, et nous transformons en explorateurs. Équipés de lampes-torche, nous progressons dans une grotte jusqu'à deux fenêtres ouvrant sur l'océan. Décidément, cette journée de Noël aura été très riche. Feliz Navidad ! 
Après une journée de repos bien méritée, nous montons à l’assaut du volcan Rano Kau. Partiellement recouvert de roseaux flottants, le site est trop beau pour être vrai. Le lac volcanique ressemble à un chaudron de sorcière géant. On adore d'autant plus que la surprise est totale, on n'avait vu aucune photo. 
Le retour sur la plateforme d'un pick-up a aussi son charme, et nous procure un sympathique sentiment de liberté. Du coup, il nous reste du temps pour manger une glace au port, en admirant les grosses tortues. L'une d'entre elle viendra même faire un coucou dans l'eau à Syl, qui sera un peu surpris mais parviendra quand même à faire une belle photo. 
Après quelques autres barbecues, dont un particulièrement délicieux avec des poissons soldats, une dernière étape nous attend : il nous reste à visiter le musée, prévu au premier jour. Bien organisé, il nous permet de comprendre un peu mieux la culture et l'histoire de l'île. Beaucoup de choses restent encore inexpliquées, mais nous ressortons un peu moins bêtes, peut être...Nous apprenons que les chefs de tribus voulaient montrer leur puissance avec des moai toujours plus beaux, toujours plus grands (aujourd'hui c'est juste remplacé par des voitures, télés, maisons...) et que la civilisation s'est éteinte subitement à cause d'une exploitation irraisonnée des richesses. Les choses ont-elles vraiment changées ?! C'est un message fort qui doit nous faire réfléchir sur notre propre comportement afin de préserver l'avenir de notre planète.
Pour conclure, vous l'aurez compris, cette étape sur Rapa Nui nous aura beaucoup marqués. Unique sur la planète, elle nous aura livré son lot d'émotions (très très) fortes. 
