Cette ville de Tokyo est tellement dense et incroyable que je ne sais pas du tout par quoi commencer. Le récit chronologique s'impose comme la seule solution !

Nous y arrivons en milieu de journée et le 1er objectif est de poser les sacs à la guesthouse. Il faut donc se familiariser avec les transports en commun. Au premier abord, c'est assez impressionnant voire effrayant tellement le réseau est dense et compliqué. En plus, il y a autant de billets indépendants que d'opérateurs (un pour le métro, un pour le train urbain, un pour chaque ligne privée) et, pour simplifier, tout est écrit en japonais bien sûr.

Mais, au final, c'est très bien organisé, parfaitement fléché et assez simple. En cherchant bien, on trouve même des cartes en anglais, et il y toujours quelqu'un pour proposer son aide. Le parfait respect des règles de la part du peuple japonais facilite aussi la tâche : on attend tous alignés sur le trait, on rentre chacun son tour sans bousculade, sans un bruit.A peine arrivés à la guesthouse, au diable la fatigue, on repart directement pour un plongeon dans le Tokyo moderne. En effet, c'est le dimanche après-midi qu'il faut arpenter les rues du quartier de Harakaju.

C'est le temple des modes les plus folles, une sorte de théâtre où les ados semblent en représentation permanente. On y trouve même des cosplays, des filles déguisées avec des costumes extravagants.Dans la Takeshita-dori, c'est l'effervescence. Quel contraste avec l'immense toori du sanctuaire Meiji Jingu, situé à quelques pas !A peine plus loin, on entre dans Omotesando, les « champs » de Tokyo. Toutes les grandes marques du monde sont là. On s'éclate en admirant les bâtiments incroyables que les plus grands architectes du monde ont dessinés pour séduire le consommateur. L'édifice Prada recueille en particulier les suffrages ; nous y entrons pour le plaisir des yeux, et ressortons impressionnés et séduits par la structure du bâtiment, mais les mains vides ! Le lendemain (lun. 4 juin), nous nous consacrons à « notre » quartier, Asakusa. C'est le cœur de l'ancienne ville, et du coup, il y a encore des ruelles avec des maisons basses, des boutiques anciennes, ce qui lui confère pas mal de charme. Il abrite le temple le plus célèbre de la ville : Senso-ji. Aujourd'hui encore, il est un lieu de recueillement et de vénération pour les tokyoïtes. On ne peut pas voir complètement l'intérieur, mais il dégage une atmosphère très douce par sa beauté quasi parfaite. Pour le protéger, il y a une longue allée toute mignonne, Nakamise-dori, et surtout 2 grandes portes, avec d'énormes lanternes. Sur la droite, la pagode à cinq étages tente de rivaliser avec la « Tokyo sky tower », haute de 324m, tout juste ouverte, et symbole du Tokyo ultra-moderne. De l'autre côté de la rivière Sumida, la flamme d'or du siège social d'Asahi (le leader de la bière ici) nous laisse assez perplexes. Nous préférons découvrir le magasin de jeux Yamashriroya. Rempli à ras bord de figurines de mangas et de produits dérivés, sur 8 étages, c'est le symbole de l'ultra-consommation qui règne ici. Pour notre part, sûrement vieux jeux et un peu dépassés, on préfère les légos ninja ! Nous continuons l'alternance ancien/moderne en nous rendant le lendemain dans le quartier de Ginza, le quartier du luxe et des grands magasins. De nouveau, c'est une ballade sympa dans l'architecture contemporaine. Nos architectes en herbe se régalent et en profitent pour débattre et définir le style de leur future maison.Les décors intérieurs des magasins sont très soignés, et nous passons du temps dans le « sony-building », où la marque nippone présente, dans un décor au design équilibré et épuré, ses modèles high tech dont la dernière playstation et la télé 3D. Un peu gavés de consommation et de monde, nous filons nous ressourcer aux jardins du palais impérial. En plein cœur de la ville, cet espace vert gigantesque, entouré de toute part par des grands immeubles, fait du bien. Nous marchons dans cet endroit calme et silencieux, dans de larges avenues protégées par des douves. Les jardins higashi (de l'est) sont les plus sympas, surtout à cet saison, typiques de ces jardins japonais très reposants et apaisants. Mercredi, le réveil est matinal. Au menu, un grand monument de la culture japonaise : les sumos. Il n'y a pas de tournois à cette époque de l'année, mais on peut aller les voir s'entraîner dans les écuries, à condition de s'inscrire en avance, de se réveiller très tôt et de respecter un silence absolu. Le jeu en valait la chandelle. Nous sommes assis à quelques mètres de l'arène, le dohyo, on ne pourrait pas voir mieux !

La puissance dégagée par les lutteurs est impressionnante, la force de l'impact et le bruit à chaque contact aussi. Le but du jeu est de faire tomber l'adversaire, ou de le repousser en dehors du cercle, en utilisant l'une des 48 prises autorisées. Les plus forts ne sont pas forcément les plus gros (il n'y a pas de catégories de poids). Ceux qui ne combattent pas se musclent dans un coin. Heureusement, aucun d'entre eux ne viendra s'écraser sur notre banc … Après le sport, un peu de culture au Tokyo national museum. C'est le musée de référence sur l'histoire du Japon. Les pièces présentées sont exceptionnelles, certaines sont même considérées comme des trésors nationaux. Leur présentation vieillotte ne nous séduit pourtant pas, ça manque de dynamisme et d'explication à notre avis.Après la sieste, changement de décor : nous nous rendons à Akihabara, la ville électrique. La folie des néons, un choix infini d'objets électriques et électroniques en tous genres, des mangas à gogo avec toujours des jeunes filles dénudées, etc... Le plus délirant, ce sont les « maids cafés » à tous les coins de rue, dont les serveuses, déguisées en soubrette, distribuent les prospectus. Un monde un peu étrange, où les businessmen viennent oublier qu'ils ont donné toutes leurs vacances à leur patron ! L'envers du décor de la société japonaise, si « parfaite » qu'elle en devient parfois lisse et ennuyeuse et génère le besoin de se créer des espaces pour se défouler. Nous retentons un autre musée le lendemain : le ghibli museum, d'un tout autre genre. Dirigé par le dessinateur Miyazaki, c'est une sorte de mini parc d'attraction intimiste, le domaine du rêve et de l'imagination.

L'architecture du bâtiment, très originale, permet de s'égarer au hasard des passerelles et des escaliers. Les personnages de l'artiste sont mis en scène, ainsi que du matériel de production, ce qui donne corps à l'imaginaire. Ceux qui ont déjà vu les films d'animation « Princesse Mononoké » ou « mon voisin Totoro » reconnaîtront peut être le chat-bus dans lequel les enfants s'éclatent. Sur le chemin du retour, nous faisons un stop dans le quartier de Shibuya. Haut-lieu du shopping pour la jeunesse à fort pouvoir d'achat, c'est aussi le quartier qui abrite le carrefour piétonnier le plus fou du monde. On estime à 100 000 le nombre de personnes qui le traversent chaque jour ! Ce jour-là, il y en aura au moins 10, si on compte l'aller-retour... Le plus impressionnant, outre la densité bien sûr, c'est la tranquillité déconcertante dans lequel cet afflux phénoménal a lieu. Au feu vert, les 4 files se mettent en mouvement comme un seul homme, dans un grand calme. Personne ne pousse ni ne court. D'ailleurs, après quelques jours, on peut vraiment dire que Tokyo n'est pas du tout une ville stressante, malgré sa taille monstrueuse. Dernier jour, ven.8 juin. C'est la journée des surprises pour petits et grands. Nous avons vu le Tokyo d'hier, celui d'aujourd'hui, mais pas encore celui de demain. Direction donc le quartier d'Odaiba, au sud de la ville. C'est une île totalement artificielle, gagnée sur la mer par comblement, une sorte de laboratoire du futur. Elle possède des hôtels, des commerces, des musées, des bureaux, une grande roue, des sources d'eaux chaudes, des parcs, etc...

Pour s'y rendre, nous empruntons la ligne automatique Yurikamome, entièrement aérienne. Longue de 14,7 km, elle ressemble à un manège, avec un virage de trois quarts de tour, avant de traverser un grand pont suspendu, le Rainbow bridge. Sur place, nous commençons par le musée des sciences émergeantes et de l'innovation. Tout un programme ! Les expos sont très variées, au début assez décevantes, mais ensuite extras.

Une grande machine symbolise le fonctionnement d'internet, on s'envoie des messages avec un groupe de scolaires japonais : Hi ! I love you ! Après quelques autres ateliers intéressants, c'est le clou du spectacle : la démonstration du robot androïde Asimo, avec lequel Emma joue au foot. La tête pleine de nouvelles idées pour notre monde de demain, nous filons à travers les grandes allées, en direction du Toyota Mega Web, le show room de la marque qui y expose ses dernières technologies et sa collection. Les enfants essaient un véhicule hydride muscle & électricité, nous nous contentons des panneaux explicatifs et des superbes démonstrateurs sur les véhicules électriques et hybrides, avant de tester les technologies embarquées à travers des simulateurs. Ensuite, nous ne résistons pas à visiter le « toyota garage », une collection incroyable de véhicules de toutes les marques, joliment présentées dans leur décor d'origine.Dernière étape de cette folle journée, nous expérimentons le shopping façon Las Vegas au Venus fort, un endroit étonnant qui reproduit les rues d'Italie, jusqu'au moindre détail. Même le ciel bleu n'est pas oublié ! Avec toute cette densité et cette diversité, difficile de tirer à chaud une conclusion sur cette ville folle. Ce qui ressort d'abord, ce sont peut être les contrastes permanents : entre tradition et modernité d'abord, mais aussi entre la densité de population et le calme qui règne dans la rue et les transports publics. En tous cas, une étape qui nous aura fait beaucoup réfléchir sur notre propre pays, ses forces et … ses faiblesses.

Après un dernier sushi et une dernière leçon d'origami, on file prendre notre avion à l'aéroport d'Haneda. Une autre grande métrople noud attend, probablement d'un tout autre genre : Beijing !

Ce samedi 26 mai, nous quittons presque à regret notre guesthouse d'Osaka, pour rejoindre Kyoto. Le train est le moyen le plus simple, les 2 villes font parties de la même conurbation, et il nous suffit de 35 min pour rallier la gare ultramoderne de Kyoto.

Kyoto est un gros morceau du voyage. C'est LA ville japonaise par excellence, celle des vieilles maisons en bois, des geishas et des maisons de thé, regorgeant aussi de temples, dont beaucoup sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité. Du coup, les choix sont difficiles. Comme à notre habitude, nous sélectionnons en discutant avec les locaux, nous donnant ainsi également du temps pour nous perdre en ville et mieux comprendre le quotidien des japonais.

Nous consacrons notre première visite au temple Kiomyzu. Comme nous y sommes le dimanche (27 mai), il y a vraiment beaucoup de visiteurs, mais là, c'était voulu ! Les japonais s'habillent en effet en kimono traditionnel pour visiter ce temple. Du coup, ils font aussi partie du spectacle ! Le temple est surtout connu pour sa construction sur le versant d'une colline boisée : il repose sur une vaste plate-forme, soutenue par des dizaines de gros et robustes piliers de bois. Il est bouddhiste, et on y retrouve tous les rites déjà observés en Asie du sud-est : les tablettes pour écrire ses vœux, les rites de purification, les cloches que l'on fait sonner. Par contre, le style et la décoration sont très différents. Ici, pas de froufrou ou de surenchère architecturale. Tout est dans la sobriété et l'élégance, et c'est très réussi. Nous déambulons ensuite dans les ruelles de Sannenzaka qui relient ce temple au sanctuaire de Yasaka, dans le quartier de Gion. Elles sont constituées de belles maisons traditionnelles en bois, d'une grande homogénéité. Notre coup de cœur de la journée, surtout qu'on y croise des geishas qui se prêtent volontiers au jeu de la plus belle photo ! Malgré la fatigue qui commence à peser, nous continuons un peu à déambuler dans les ruelles de Shinbashi, et là aussi nous avons quelques belles surprises. C'est un coin intact, où on remonte dans le temps, avec la sensation de marcher au milieu d'un décor de cinéma, sauf que là, c'est en vrai ! Le lendemain, finis les temples, direction le sanctuaire de Fushimi Inari. Bon, au début, ce n'est pas très différent, puisque l'entrée se fait de nouveau par un temple. Les couleurs sont superbes, avec le contraste entre le vermillon des boiseries, et le gris des petits cailloux qui constituent le sol, peignés consciencieusement en certains endroits. Après l'entrée, on entre dans un réseau étonnant de galeries, long de plusieurs km, formé d'arches en bois alignées (les torii) également de couleur vermillon. Ces portiques marquent la séparation entre l'espace sacré et le monde profane, entre le monde d'ici et celui de l'au-delà. On dirait des tunnels mystiques, des couloirs sacrés. Étrange impression ! De retour en ville, nous plongeons de nouveau dans la modernité et les contrastes du japon. Après les écoliers(ères) en uniforme vieux jeu, nous croisons les fashions victimes, puis montons dans un nouveau bus. Finis les taxis pour nous, le coût de la vie ici est incomparable avec celui de l'Asie du Sud-Est. Mais, de toute façon, les réseaux de transport en commun sont très développés, ponctuels et confortables.

Nous ne cédons pas non plus aux sirènes des restaurants et boulangeries françaises, très nombreux car les japonais adorent la France, mais filons à un monument de la gastronomie locale : les sushis sur plateau tournant.

C'est un régal, autant pour les yeux que pour les papilles. Les cuisiniers travaillent sous nos yeux, et nous sélectionnons les sushis les plus appétissants. Heureusement, un menu en anglais est disponible sur demande, ce qui nous permet de savoir plus ou moins ce que nous mangeons. A part le wasabi (sorte de moutarde japonaise), pas vraiment apprécié des enfants, l'expérience est un grand succès. Le lendemain, nous filons sur Arashiyama. C'est un mignon petit village situé dans un site entouré de monts boisés, au débouché d'une rivière de montagne, traversé par un joli pont de bois. Nous nous baladons parmi les vieilles maisons de la rue principale, puis quittons la civilisation pour entrer dans la « forêt de bambou ». L'endroit est très relaxant et plein de charme, c'est la promenade préférée des habitants le WE, et on comprend facilement pourquoi. Nous enchaînons par le temple Kinkaku-ji, pas trop loin de là. Établi au pied du mont Kinugasa, le pavillon central a été recouvert de feuilles d'or. Dans un environnement très poétique grâce au jardin zen, il se reflète dans un petit étang. La classe ! Nous tentons en fin de journée une nouvelle expérience culinaire. Ici, les restaurants traditionnels sont spécialisés, et proposent une seule famille de plats. Heureusement, ils présentent en devanture des plats factices, qui sont très utiles pour nous ! Nous essayons ce soir-là les yakitoris. Moins dépaysant, il s'agit de brochettes de viande marinée, recouvertes d'une sauce étrange, un peu épaisse, au goût inconnu mais agréable. Une fois de plus, on se régale, qui plus est dans l'ambiance bon-enfant d'un minuscule mais sympathique restaurant familial. Notre dernière expérience à Kyoto consiste à monter dans le shinkansen, à la forme si particulière que les anglophones l'appelle le « bullet train ». Connu pour sa rapidité, il est aussi particulièrement ponctuel et affiche depuis sa création un retard moyen à l'arrivée de 36 secondes !! Nous ne nous lassons pas de le voir passer sur les quais, et en loupons volontairement quelques uns pour mieux l'admirer. Il faut dire qu'il part de la gare de Kyoto dans la direction de Nagoya et de Tokyo toutes les 5 à 10 minutes à peu près, il n'y a donc pas vraiment de risque de le louper. Une fois à l'intérieur, c'est silencieux et très spacieux, et le mouvement est tout en douceur malgré la vitesse. Un sacré concurrent pour notre TGV national.